O jeune adolescent! tu rougis devant moi. Vois mes traits sans couleurs; ils pâlissent pour toi: C'est ton front virginal, ta grâce, ta décence; Viens.
Il est d'autres jeux que les jeux de l'enfance. O jeune adolescent, viens savoir que mon coeur N'a pu de ton visage oublier la douceur. Bel enfant, sur ton front la volupté réside. Ton regard est celui d'une vierge timide. Ton sein blanc, que ta robe ose cacher au jour, Semble encore ignorer qu'on soupire d'amour. Viens le savoir de moi.
Viens, je veux te l'apprendre; Viens remettre en mes mains ton âme vierge et tendre, Afin que mes leçons, moins timides que toi, Te fassent soupirer et languir comme moi; Et qu'enfin rassuré, cette joue enfantine Doive à mes seuls baisers cette rougeur divine. Oh! je voudrais qu'ici tu vinsses un matin Reposer mollement ta tête sur mon sein! Je te verrais dormir, retenant mon haleine, De peur de t'éveiller, ne respirant qu'à peine. Mon écharpe de lin, que je ferais flotter, Loin de ton beau visage aurait soin d'écarter Les insectes volants dont les ailes bruyantes Aiment à se poser sur les lèvres dormantes.